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L'enseignement...et la tablette...!

Enseignement : l'exigence du par cœur !

De nombreux pianistes font le choix de ne plus jouer par cœur, utilisant leur tablette. Dans ce nouveau contexte, est-il encore judicieux de demander à nos élèves d’apprendre par cœur ?

La réponse d'une coach :

Traditionnellement associée aux concertistes, l’exigence de l'apprentissage par cœur est encore présente dans notre système d’éducation musicale. À l’évidence, connaître un morceau entier de mémoire comporte des points positifs dans l’apprentissage. Cela permet d’avoir des repères, des réflexes, des schémas corporels et émotionnels. Pratique naturelle pour certains, hantise du fameux trou de mémoire pour d’autres, cet apprentissage a-t-il encore sa place dans nos établissements artistiques ?

La mémorisation croise le parcours du jeune musicien dès ses premières années. Il est donc judicieux pour un enseignant de se poser la question de l’intérêt de cette technique, sachant que pour être motivé face à un apprentissage difficile, le jeune musicien doit y trouver un sens.

Partisans ou opposants, tous ont de nombreux arguments. Jouer par cœur peut être synonyme de grand plaisir. Cela nous permet de nous immerger beaucoup plus dans la musique en procurant un sentiment de liberté. L’approche approfondie de l’œuvre nourrit l’interprétation. La mémorisation et le détachement de la partition développent l’écoute, transformant également le rapport physique à l’instrument. Pour un élève, surtout les plus jeunes, pouvoir jouer son morceau partout et à n’importe quel moment sans support peut être très stimulant.

Séquence par séquence

À l’opposé, d’autres diront que la partition élude l’angoisse du trou de mémoire, permettant au musicien de se concentrer sur d’autres paramètres. Cette peur éloignée, il est parfois plus à même de profiter du moment au lieu de le subir. Dans certains cas, lors de carrières très denses avec de nombreux répertoires, jouer avec partition permet un gain de temps : gagner des heures au lieu de les passer à apprendre parfaitement un morceau.

Il convient peut-être de faire la différence entre connaitre une œuvre par cœur et l’interpréter. Beaucoup de chambristes gardent par tradition la partition, tout en connaissant une bonne partie de leur programme par cœur. Cela montre à quel point les réflexes instaurés dès l’enfance sont importants et permettent une aisance dans le futur. On peut donc imaginer abandonner cette exigence après avoir expérimenté cet apprentissage.

Si la mémorisation suscite un tel débat, c’est bien souvent par manque de méthode. Même si chaque musicien, chaque professeur a son mode d’emploi, des stratégies simples peuvent permettre d’apprendre par cœur plus efficacement. Pour aider son cerveau à avoir des repères, le concept de « big picture » développé en neurosciences aidera à avoir une idée concrète de ce qu’il doit mémoriser. Représentez-vous de manière globale votre partition pour mieux organiser la mémorisation : la structure, les différentes parties, les particularités. Hiérarchisez, créez des liens entre les parties pour mieux appréhender l’œuvre.

Le cerveau ne peut intégrer qu’un nombre limité de nouvelles informations. La mise en place d’objectifs réalisables est indispensable : répartissez votre travail sur différentes sessions régulières. N’hésitez pas à noter les différents points à travailler et à revoir en priorité. En procédant par petits pas, séquence par séquence, la mémorisation sera simplifiée.

Le « travail sur table » autrement dit la « représentation mentale » de votre partition peut vous permettre d’imprimer la structure, la forme, la mélodie ou l’harmonie en faisant appel à d’autres mémoires que la mémoire physique à l’instrument habituellement utilisée. Elle permet de développer l’écoute intérieure. Déstabilisante au départ, elle est vite synonyme de gain de temps et de sécurité.

Choix artistique ou parti pris, l’essentiel reste avant tout de s’émouvoir, de jouer en s’enrichissant de diverses façons, en étant épanouis et heureux. D’ailleurs, comme le disait Voltaire « Ce qui touche le cœur se grave dans la mémoire »…

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